« I don't care if it hurts, I want to have control, I want a perfect body, I want a perfect soul, I want you to notice when I'm not around. You're so fucking special, I wish I was special. »
Je manque de ficher un arrêt cardiaque à ma mère chaque fois que je double un camion ou que j'arrive dans un virage, pourtant nous savons que je conduis très bien. Ce sont les autres qui conduisent mal.
Je n'aime pas les travaux devant sa maison qui font trembler les murs quand je tente de faire ma dissertation de philosophie. Le travail n'est-il pour l'homme qu'un moyen de subvenir à ses besoins ? Dans ce cas là je m'en serais bien passé du travail des ouvriers à vrai dire. De plus ici je ne suis pas chez moi, je n'ai pas mon espèce de caverne d'Ali Baba, ni mon vieux secrétaire pour me poser et bosser. Ici, je suis perdue. Comment peut-on aimer vivre dans cette région ? Elle n'est belle qu'en été, sinon c'est pluie, froid, vent et brouillard. Sans doute est-ce due à la raison de mes allées et venues ici, mais je n'arrive pas à trouver le charme de cette région, de ces gens. Qu'ont-ils de plus ? Je ne me sens pas chez moi, je ne me sens pas bien. Je crois qu'il n'y à rien à faire, elle ne comprendra jamais que je puisse ne pas aimer marcher sur la plage par temps de pluie et de vent. Je déteste devoir tenir ma jupe sous peine de la voir s'envoler chaque fois que je sors, je déteste avoir les cheveux dans les yeux, et encore plus le brouillard. Peut-être que si je m'enfonçais un peu plus dans la campagne ça irait mieux, je me sentirais un peu plus paisible, mais à quoi bon ? Je ne serai jamais chez moi dans cet endroit. Comment vais-je survivre l'an prochain ?
Elle avait le teint pâle mais des joues roses, telle une petite poupée de porcelaine. Un peu de mascara pour faire ressortir ses yeux bleus clairs aux reflets presque gris, des lèvres pulpeuses et rouges carmin. Ses cheveux étaient châtains, tirant sur le roux par jours de beau temps et lui arrivaient au niveau des reins, jamais coiffés. Elle n'était pas grande, mais tout de même assez pour avoir une silhouette gracieuse et élancée. Elle avait tous les atouts d'une jeune femme de dix-huit ans, et surtout, elle avait du charme. En plus d'être intelligente son humour était tout juste ce qu'il fallait pour plaire, ni trop lourd, ni trop raffiné. C'était la fille la plus douce et délicate qu'il ai jamais existé, attentionnée et joviale, la perfection incarnée. La beauté parfaite. Lui, c'était le parfait cliché du rockeur blond décoloré aux yeux bleus. Chaînes accrochées à son jeans, tee-shirts aux noms de groupes musicaux, bracelets ornant ses poignets et veste de cuir. Il vivait avant tout pour sa musique, pour ses accords et pour son micro. Il était le romantique non-accompli, celui qui ne montrait jamais ses sentiments, celui qui se cachait. Le monde, les autres, lui étaient égales, il ne les considérait que très peu et ne se souciait guère d'autre chose que des paroles de sa prochaine chanson.
Et puis un soir, une nuit, au détour d'une table qui croulait sous les gobelets vides aux senteurs d'alcool, au fond musical un peu trop fort, dans la chaleur devenue presque moite et dans le nuage de fumée qui envahissait la pièce, ils se rencontrèrent. A cet instant, leurs coeurs qui battaient depuis toujours au même rythme se mirent à s'emballer, leurs regards plongèrent dans celui de l'autre et leurs corps se rapprochèrent. Tout autour devint flou, il n'y avait plus qu'eux, aucun mot ne sortit de leurs bouches, ils restèrent sans bouger, figés, coincés dans un autre espace temps. Ils se regardèrent sans oser cligner des yeux, de peur que l'autre disparaisse, de peur de sortir de ce rêve. Ils ne s'attiraient non-pas physiquement mais chimiquement. Elle lui sourit la première et il ne fut capable de lui rendre qu'un hochement de tête tant il était stupéfait par cette inconnue. Au son d'une nouvelle chanson ils sortirent tous deux de cet état semi-comateux et le temps reprit son court normal. La douce partit dans le jardin, au calme, il la suivit sans savoir pourquoi. Simplement se sentait-il hypnotisé par cette fille, par se qu'elle dégageait. Il la retrouva assise comme une enfant dans l'herbe, il s'installa prés d'elle sans émettre le moindre son, sans faire de bruit. Elle se tourna, le regarda et lu en lui comme dans un livre ouvert, un livre fascinant, une histoire pleine de rebondissements et d'émotions. La lune les éclairait d'une douce lueur, les étoiles parsemaient le ciel par milliers et les cigales chantaient, elle frissonna et il l'a pris instinctivement dans ses bras, comme si ça avait toujours été ainsi. Il embrassa délicatement son front, elle releva la tête puis lui sourit une fois encore, mais cette fois-ci il ne put s'empêcher de le lui rendre ce sourire tant il se sentait heureux. Leurs lèvres se collèrent l'une contre l'autre, leurs langues se mêlèrent l'une à l'autre puis ils s'allongèrent. Ils restèrent ainsi des heures durant, se laissant bercer par les rires étouffés qui provenaient de la maison, s'envolant dans un autre monde : le leur.
Cette nuit là aucun d'eux ne parla, ils se contentèrent d'écouter réciproquement leur coeurs battre à l'unisson, découvrant tout un tas de sentiments nouveaux.
Cette nuit là aucun d'eux ne parla, ils se contentèrent d'écouter réciproquement leur coeurs battre à l'unisson, découvrant tout un tas de sentiments nouveaux.
Ils étaient chacun tout ce que l'autre n'était pas et c'est pourquoi ils étaient chacun ce que l'autre avait toujours cherché.
« But I'm a creep, I'm a weirdo. What the hell am I doing here ? I don't belong here. »
Samedi 26 février 2011.